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Bossu : Jean Régnier campe un attachant bossu dominé par ses sens.
(Photo : Carole Pilon)

Bossu | Solo insolite

Catherine Hébert
VOIR, 23 mai 2002

 

Avec sa première création, Bossu, l'auteur et comédien Jean Régnier nous entraîne dans l'antre d'Henri Rondeau (un nom prédestiné!), pauvre bougre difforme au coeur insatiable, emprisonné pour avoir tué toutes celles qu'il a aimées, même s'il plaide l'innocence. Tous les bossus n'ont pas la chance de chanter leur désespoir dans un opéra-rock de Plamondon; certains se contentent de raconter leurs malheurs en toute simplicité, seuls sur une scène dépouillée. Et c'est très bien ainsi...

Croisement improbable entre une dramatique télé sur la vie amoureuse des estropiés et un conte traditionnel peuplé de fantômes, de femmes entreprenantes et de chiens diaboliques, cette œuvre singulière est à la fois drôle et déroutante. Originale, disons. Henri, un ramoneur, raconte son coup de foudre pour Disparue, une jeune gardienne de chèvres rencontrée à la fontaine du village. Il la suit chez elle, puis s'éprend de sa mère, Violette. Henri se lance ensuite dans le récit de son aventure avec Jadis, qu'il a abandonnée parce qu'elle sentait la mort. Il conclut en livrant la phase deux de son idylle avec Disparue, qui se terminera dans le sang, on s'en doute. 

Dirigé par le metteur en scène Clément Cazelais, Jean Régnier campe un attachant bossu do­miné par ses sens; une performance physique impressionnante, même s'il bute sur quelques mots. La musique live de Rainer Wiens (guitare électrique et archet à la main) contribue à l'impression d'étrangeté qui se dégage du spectacle, tout comme les éclairages contrastés de Stéphane Jolicœur. 

Avis à ceux qui se croient condamnés à manquer ce singulier solo, sous prétexte que « le théâââtre, ça coûte cher » : deux soirées « donnez ce que vous pouvez » sont prévues les 28 mai et 5 juin prochains. 

Jusqu'au 7 juin, à l'Espace Geordie